07/10/2022

Une nouvelle étude sur l'éolien

  • Montagne de la Moure et causse d'Aumelas
Causse d'Aumelas : site d'étude pour évaluer l'impact de l'éolien sur la dynamique de population du Faucon crécerellette
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L'impact de l'éolien a souvent été évalué à l'échelle des individus mais rarement à l'échelle de la population, a fortiori sur des rapaces de taille intermédiaire, tels que les faucons crécerellettes. Des scientifiques ont donc travaillé sur la question et publié cet été une étude dans le revue Animal Conservation, en prenant pour support la population Héraultaise. Les principales conclusions sont les suivantes.L'étude se base sur les suivis de mortalités réalisés sur le parc éolien du causse d'Aumelas entre 2013 et 2020. Sur cette période, 43 cadavres de faucon crécerellette (espèce protégée, dont la destruction est interdite par le droit français) ont été découverts au pied des mâts des éoliennes. Sachant qu'une partie des cadavres disparaissent (biais de prédation) et que l'observateur peut manquer des cadavres (biais de détection), les modèles évaluent la mortalité réelle à 154 individus sur la période. Cela représente une mortalité affectant 3% de la population.

Sans cette surmortalité, les modèles estiment que la population Héraultaise devrait être de 22 % supérieure à celle observée (soit 308 couples au lieu des 254 couples réellement décomptés en 2020).

Autre information notable : si la population Héraultaise demeure sur une pente croissante, elle le doit, certes à sa qualité d'habitats remarquable, mais aussi grâce à un phénomène d'immigration : chaque année, environ 26 individus des populations voisines (venant de l'Espagne, de l'Aude, ou encore de la Crau) rejoignent la population Héraultaise. Sans cet afflux, l'étude estime que la population serait de l'ordre d'une cinquantaine de couples. Le maintien de ce flux migratoire est loin d'être une certitude compte-tenu de la décroissance des populations espagnoles depuis 2015. Si d'autres facteurs défavorables modifiaient la dynamique mesurée (par exemple une succession d'années d'hivernages difficiles avec un taux de retour inférieur des individus), l'impact des mortalités éoliennes actuelles serait encore plus élevé. Dans tous les cas, la mortalité actuelle sur ce parc (qui représente la plus importante cause anthropique de mortalité pour l'espèce en France) et d'autres parcs éoliens en Occitanie pénalise la croissance de l'ensemble de la population nationale et retarde la colonisation d'autres sites favorables.

La conclusion de cette étude est donc que, bien qu'en croissance et en apparente "bonne santé", la population Héraultaise demeure fragile : sans l'immigration actuelle, il suffirait que la mortalité éolienne atteigne 5% (contre 3% actuellement) pour que la population se remette à décliner.

Pour accéder à la publication (en anglais), cliquer ici.