L'aigle de Bonelli, espèce emblématique des garrigues méditerranéennes, tient le haut de la liste des rapaces les plus menacés. Et pour cause, il ne restait qu'une vingtaine de couples au début des années 2000 ! Si aujourd'hui la courbe semble se redresser lentement (38 couples en 2019), l'espèce n'est pas pour autant sortie d'affaire : la pression s'accroît sur les territoires de chasse avec l'artificialisation des sols et les projets d'énergies renouvelables, les activités de pleine nature toujours plus nombreuses intensifient les risques de dérangement sur les sites de nidifications, et les causes de mortalité directe restent d'actualité.
Parmi elles, le braconnage. Deux exemples récents ont été évoqués dans la presse (Libération, France 3, ...). Parmi les 2 jeunes aigles retrouvés morts, avec des dizaines de plombs dans le corps, figure le dernier jeune qui était né sur le causse d'Aumelas, au printemps 2019.
Bagué et équipé d'une balise GPS le 21 mai dernier, ce jeune aiglon, comme tous ses congénères nés ce printemps, est parti à la fin de l'été afin d'explorer de nouveaux territoires, parfois très éloignés. Cette phase, "l'erratisme", dure habituellement 2 ou 3 ans, pendant lesquels le jeune va s'aguerrir et perfectionner ses méthodes de chasse, sur des zones riches en proies et éloignées des domaines vitaux d'autres aigles pour limiter la concurrence alimentaire.
Pour cet aigle, l'expérience aura été de courte durée, puisqu'en novembre, les ornithologues ont constaté que la balise ne bougeait plus. Le corps a été retrouvé; une radio a montré la présence de plus d'une centaine de plombs, laissant penser que le tireur était à courte distance de l'oiseau.
Comme en témoigne cet article plus complet du CEN qui coordonne le Plan National d'Action sur l'Aigle de Bonelli, cet acte de malveillance porte un coup aux efforts coordonnés de nombreux acteurs publics, associatifs et privés pour la préservation de cette espèce.